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Urhu

Spectacle musical
Durée : 75 minutes

Compositions (musique et langue inventée) : Anne-Sylvie Casagrande

Voix et percussions : Gisèle Rime, Edmée Fleury, Anne-Sylvie Casagrande

Théâtre d’objets : Georg Traber

Costumes : Karin Larcher

Regard complice : Thierry Romanens

Son : Tibor Naef

Création lumière : Angelica Fricker

« Si tu oses les routes de l’ouest, ces fils qui vont des étoiles aux étoiles, tu pourrais un jour tomber sur le pays qui fabrique le temps. Peut-être t’étonneras-tu d’un pays rouge et gai, plein de rouages et de jeux de cloches. Peut-être t’étonneras-tu de ses habitants, de leur regard d’enfant. Peut-être aussi t’étonneras-tu de la musique qu’ils font en tenant dans le vent comme un ballon au bout d’une ficelle leur cœur si sensible et soyeux. Mais le temps pour toi d’un battement de cils, ce monde aura disparu. »
A.-S.C.

LA THÉMATIQUE

URHU parle de temps, d’horloge et de mesure.

URHU évoque la lutte permanente et émouvante de l’homme contre l’effacement des choses, de l’homme aux prises avec sa nature mortelle et cloisonnée.

URHU par le jeu interroge la musique sur sa mécanique profonde.

URHU parle de l’homme génial inventeur de l’horloge, de l’homme enfermant dans des compartiments bien rangés ce qu’il ne peut domestiquer.

UN CHAR TRANSFORMÉ EN HORLOGE

Pour URHU, le trio Nørn collabore avec l’artiste bâlois Georg Traber (www.traberproduktion.ch ). Au cours du spectacle, ce performer visuel transforme un char en horloge ! En effet, toutes les pièces de la machine à arpenter l’espace sont démontées et soigneusement remontées en une machine à mesurer le temps. La roue est le pivot central autour duquel la machine se transforme.

Dans ses autres performances déjà, Georg Traber s’intéressait au thème de l’espace et du temps, ainsi qu’à la déconstruction – reconstruction d’objets, à comprendre comme le positif et le négatif d’une seule et même danse.

Dans URHU, la métamorphose de l’objet dure 60’ et rythme tout le spectacle, passant par des stades de construction saugrenus dont il est impossible de deviner la fonction, mais qui servent toujours de toile de fond visuelle aux trois chanteuses se livrant à leurs propres expérimentations acoustiques.

En assistant au spectacle, le public est directement invité à ressentir la qualité éphémère de l’acte artistique et de toute construction humaine. Il est également amené à se demander si l’homme, qui s’est voulu dans le passé l’artisan de son destin, ne devient pas petit à petit aujourd’hui, dans une société affolée gouvernée par l’horloge, l’ouvrier de son propre esclavage ?

NØRN ET LE TEMPS

Avec URHU, le trio Nørn explore la matière même qui constitue ses racines. En effet, dans la mythologie nordique, les Nornes sont les trois femmes-gardiennes du temps. Urdr incarne le passé, Verdandi le présent et Skuld l’avenir. Toutes trois nouent et coupent le fil du destin des hommes, et ce jusqu’à la fin du monde.

Dans sa démarche, le trio Nørn s’inscrit également dans le temps. Car la musique est par essence un art temporel ; ainsi les différentes rythmiques des morceaux se combinent pour forger le grand rythme du spectacle, un peu à la manière de rouages participant à la mécanique du concert ressenti dans son entier comme une subtile horloge.

LA MUSIQUE

Les chants d’URHU surprennent. Dans ses compositions, Anne-Sylvie Casagrande affine sa recherche musicale sur les scansions de l’instant, tout en explorant un nouvel espace-laboratoire de distorsions temporelles ludiques.

En effet, le temps agit sur le morceau un peu à la façon d’une maladie, l’affectant en certains points précis que l’oreille ou les yeux de l’auditeur – comparables au stéthoscope ou au microscope du médecin – sont invités à détecter. Ces déformations peuvent être d’ordre mécanique (ralentissements, accélérations, supensions, effacements, répétitions, pulsions, dilatations, proliférations, polyrythmies, chaos) ou de nature symbolique (cloches, boîtes à musique, évocation des trompettes du Jugement Dernier ou du coucou suisse).

D’autre part, la musique d’URHU confronte souvent l’humain (avec ses qualités organiques et chaotiques liées à l’émotion) avec l’irrévocable de la machine (bandes-sons métronomiques).

Pour ces joutes musicales, dans la pure tradition de Nørn, Anne-Sylvie Casagrande a façonné une nouvelle langue inventée dont les sonorités évoquent les langues persanes et arabes. Car le Moyen-Orient reste le berceau des premiers astrologues, et donc des premiers mesureurs de temps.

Anarathmen, kulineh mèzu
Hem è bèshel, assëlem ushkil
Mèhal kérim, lèninè kojmu
Dibnè hani, kolumer dayil
Le parfum du temps coule à mesure
Que la bouteille s’emplit de vide
Les étoiles naissent dans le sable
Et meurent à l’ouest du monde

Tout en chantant URHU, le trio Nørn s’accompagne lui-même de différents instruments percussifs tels que davul, tar, claves, cloches, agogô et cliquettes.

LA MISE EN SCÈNE

Les chorégraphies du trio Nørn sont toujours induites par la musique. Fidèles à leur travail sur la voix prolongée par le corps, les trois chanteuses demeurent dans cette innocence paradoxale, oscillant entre gravité et légèreté espiègle, sans que le spectateur ne puisse jamais trancher.

Georg Traber se met également au service du geste simple, accomplissant ses tâches avec précision, concentration et présence corporelle, évitant de jouer un personnage théâtral. Ce travail d’épure, cette clarté dans les mouvements (s’assimilant avec l’évidence d’un savoir-faire ancestral) permet au spectateur de rester libre et d’oser sa propre lecture du spectacle.

LES COSTUMES

Créés par Karin Larcher, les costumes soulignent les personnalités différentes mais complémentaires des trois chanteuses.

En dégradé de rouges, ils laissent par endroits voir la peau. Des empiècements de bandes croisées évoquent les routes invisibles reliant les constellations entre elles.

Ils pourraient appartenir à une tribu du futur.

» Coupures de presse